Le renard et les poulets d'Inde

 

Contre les assauts d’un renard

 

Un arbre à des dindons servait de citadelle.

 

Le perfide, ayant fait tout le tour du rempart,

 

Et vu chacun en sentinelle,

 

S’écria : « Quoi ! Ces gens se moqueront de moi !

 

Eux seuls seront exempts de la commune loi !

 

Non, par tous les dieux ! Non. »  Il accomplit son dire.

 

La lune, alors luisant, semblait, contre le sire,

 

Vouloir favoriser la dindonnière gent.

 

Lui, qui n’était novice au métier d’assiégeant,

 

Eut recours à son sac de ruses scélérates,

 

Feignit vouloir gravir, se guinda sur ses pattes,

 

Puis contrefit le mort, puis le ressuscité.

 

Arlequin n’eût exécuté

 

Tant de différents personnages.

 

Il élevait sa queue, il la faisait briller,

 

Et cent mille autres badinages.

 

Pendant quoi nul dindon n’eût osé sommeiller :

 

L’ennemi les lassait en leur tenant la vue

 

Sur même objet toujours tendue.

 

Les pauvres gens étant à la longue éblouis,

 

Toujours il en tombait quelqu’un : autant de pris

 

Autant de mis à part ; près de moitié succombe.

 

Le compagnon les porte en son garde-manger.

 

 

Le trop d’attention qu’on a pour le danger

 

Fait le plus souvent qu’on y tombe.



29/01/2012
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