Le loup et l'agneau

 

La raison du plus fort est toujours la meilleure :

 

Nous l’allons montrer tout à l’heure.

 

 

Un agneau se désaltérait

 

Dans le courant d’une onde pure.

 

Un loup survient à jeun qui cherchait aventure,

 

Et que la faim en ces lieux attirait.

 

« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? 

 

Dit cet animal plein de rage :

 

Tu seras châtié de ta témérité.

 

- Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté

 

Ne se mette pas en colère ;

 

Mais plutôt qu’elle considère

 

Que je me vas désaltérant

 

Dans le courant,

 

Plus de vingt pas au-dessous d’Elle,

 

Et que par conséquent, en aucune façon,

 

Je ne puis troubler sa boisson.

 

- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,

 

Et je sais que de moi tu médis l’an passé.

 

- Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?

 

Reprit l’agneau, je tette encor ma mère.

 

- Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

 

- Je n’en ai point. – C’est donc quelqu’un des tiens :

 

Car vous ne m’épargnez guère,

 

Vous, vos bergers, et vos chiens.

 

On me l’a dit : il faut que je me venge. »

 

Là-dessus, au fond des forêts

 

Le loup l’emporte, et puis le mange,

 

Sans autre forme de procès.



29/01/2012
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